Tugdual ϟ Roux-Freux des Nébuleuses

C'est un bibliolâtre avéré, adorateur de tout opuscule traitant sur le mysticisme de leur monde et de ceux mitoyens - rat simplement avide de lecture quelle qu'elle soit, à dire vrai. Il est d'ailleurs lui-même un littérateur notoire, plume pamphlétaire, narrative ou théoricienne, il signe toujours ses oeuvres du sobriquet de Maître Goupil. ϟ Si la discrétion lui est inhérente, il a toujours été victime de sa réputation, souffrant presque de la luminescence que ses congénères ont la fâcheuse tendance à braquer sur sa carcasse. Depuis son effet de Tarquin, l'on a toujours espéré et exigé beaucoup de sa part, une fierté que les ans lui ont promptement fait ravaler pour mieux le conduire à s'ostraciser, à épouser la cause des Poursuivants plutôt que de végéter dans un Monastère en particulier. Son élection au titre de Grand Mage est une nouvelle preuve de son anathème. ϟ Rien ne lui est plus précieux que ses recherches, celles qu'ils mènent depuis moult années sur la truculence de ce microcosme Incertain. Il est un badaud accoutumé, de ce monde, à travers ses nombreuses missions et des flâneries autrement plus officieuses servant les intérêts de son étude. Avec un nouveau rang, de nouvelles coercitions, moins de temps à consacrer à ce qu'il veut faire au profit de ce qu'il doit faire. La perspective le flanque d'une saveur bien amère, car de son vivant ou à titre posthume, il désire qu'Ys jouisse d'importantes découvertes. ϟ Si le bougre a l'apparence tranquille, il couve en lui la lave éruptive du bellicisme, une facette que ses frères d'armes revendiquent car inquiets de ne plus avoir leur Ignescent sur le terrain. Selon ses propres dogmes, Tugdual estime que le mal se purge par le mal, la guerre est un art, et le sang, l'hydromel de toute terre. Là n'est pas question de plaisir, mais de nécessité. Les choix les plus ardus, il est capable de les faire, conscient des sacrifices obligés que l'évolution et la survie requièrent. ϟ Il est issu d'une relativement grande famille, puisque sa fratrie compte en tout et pour tout six individus, dont il est le plus âgé. Son droit d'aînesse, destiné à faire de l'affaire halieutique son principal héritage, il a glavioté dessus le jour où il a décidé d'intégrer le groupuscule des sorciers. Un choix qui a rendu ses géniteurs furibonds, et auxquels il n'a plus parlé depuis. Ses notions familiales sont somme toute caduques, et il doute que sa nomination dulcifiera son incurie. ϟ Ayant jadis et longuement accompagné son père à la pêche, il a appris à naviguer, à courtiser et cuisiner la poiscaille, à flirter avec les eaux. Une pédagogie dont il se souvient aujourd'hui encore, mais qu'il exècre mettre en pratique. Plus loin des littoraux il se tient, mieux il se porte. ϟ Dans son sillon, toujours, son compagnon le plus fidèle : non pas un destrier, non pas un limier, mais bel et bien un corvidé. Il l'a recueilli alors qu'il n'était qu'un minuscule corbillat, lors de l'une de ses pérégrinations, et le bel oiseau ne s'en est depuis jamais allé. Sur lui l'on distingue trois grandes particularités : la première en son pennage, non pas d'obsidienne comme le voudrait son espèce, mais opalescent à souhait, traduisant un remarquable albinisme. La seconde, l'estampille mystique qui ornemente son échine, nulle autre que l'Etoile, le neuvième graphème ébauché par les soins de Tugdual. Il fait de l'animal tout le contraire de son commun, une bête sacrée qui force la bonne fortune. Et la troisième est qu'il n'a aucun nom, son propriétaire n'ayant jamais jugé nécessaire de le baptiser. De fait, les gens l'ont tout simplement surnommé Maître Corbeau (ou Corbac) pour harmoniser avec le Maître Renard. ϟ Le bellâtre a une adoration secrète pour les framboises, il lui arrive de s'en bâfrer jusqu'à s'en retourner le rumen. Il confesse également une faiblesse pour le lambig, gobeloter un verre de temps en temps en contemplant la voûte céleste constitue l'un de ses menus plaisirs. En revanche, il abhorre le miel - un véritable handicap culinairement parlant - depuis l'incident d'une ruche et de ses abeilles lui tombant sur la caboche à l'époque de son enfance. ϟ Lors de ses errances, il a souvent été sollicité pour des problèmes de Jetins, par des parents éplorés et ne sachant point comment récupérer leur poupon. Ces joyeux pasquins, il a maintes fois rompu le pain avec eux et les apprécie en dépit de leurs facéties rarement opportunes. Par contre, il sustente une réelle inimitié envers les Gommons, réciproque et qui leur permet d'avoir généralement maille à partir. Peut-être est-ce leur fragrance saline, ils ressemblent à de laids poissons qu'il n'a pas envie de voir dans ses filets. ϟ Même s'il maugrée sans cesse quant à l'éminent rôle pour lequel il a été désigné, il sait d'avance qu'il accomplira sa besogne avec autant d'éréthisme qu'il n'en ploie pour ses recherches, damné qu'il est par sa conscience professionnelle. Toutefois, tant que son investiture n'est pas organisée et achevée, il ne prend rien pour acquis.   

pseudo : Pas de pseudo. prénom : Bah, Tugdual, voyons.    âge : 24 ans. pays : France pour le moment. fréquence de connexion : Ca dépend des périodes, mais généralement j'arrive à passer tous les jours. comment avez-vous découvert le forum ? Via Bazzart.    vos impressions ? J'ai déjà tout dit dans mon post en tant qu'invité, j'aime beaucoup, j'ai craqué.    des questions ? Là encore j'en ai posé pas mal et j'en aurai sans doute d'autres, mais on verra ça. le dernier mot : Si je foire certains détails dans la fiche, venez me taper sur les doigts, j'ai tendance à facilement me noyer sous les monticules d'informations quand je débarque quelque part.    

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<pr>michael fassbender</pr> tugdual menn

Les prunelles nubiles lardent les calots du parent, autant que l'opposé s'avère véridique. Les deux hommes se jaugent, le plus âgé, sa crinière pigmentée d'argentin, voyant son faciès froissé par une irascible frustration, tandis que le plus juvénile se fend d'une opiniâtreté certes contusionnée, mais infrangible. La tension dans l'air est miasmatique, à tel point que le gentil bâtard usuellement si badin est racorni dans une encoignure, la truffe enfouie sous ses pattes à l'instar d'un chien chagriné. Le duel dure depuis de trop longs instants, instillant un inconfort palpable chez les quelques spectateurs amoncelés dans le salon. L'on ne sait plus si c'est le père qui incrimine, ou le fils. « Réfléchis bien. » Que rauque soudain le quidam, ses pupilles chatoyant comme deux braises parées à enfanter la pire des déflagrations. « C'est tout réfléchi. » Que le timbre adolescent répond, affilé, et sans appel. Ce dernier darde son attention sur les gentilshommes qui se tiennent dans son râble, tous flanqués d'une longue tunique cendrée reconnaissable entre mille. Ils sont les émissaires de leur Ordre, venus dans cette bourgade pour glaner un futur disciple que les augures ont désigné prometteur. Ils sont là pour lui. « Je suis en âge d'entrer dans la guilde des Sorciers, on m'a assuré que plusieurs d'entre eux étaient prêts à me prendre comme Apprenti, c'est la chance de ma vie. Une chance pour quoi ?! Pour ne pas finir comme toi. Tu... ! » Les yeux s'écarquillent un peu plus dans leur furia, et les paluches du pêcheur frémissent. Pour peu, c'est en pleine trogne qu'il les lui enverrait, ses mains de mastodonte, et si l'envie le taraude, il n'en fait cependant rien. Il se contente de le rosser dans son esprit, non pas que l'impudent ne puisse pas s'en douter. « Tu n'as même pas fini l'école ! Comme si ça pouvait avoir une quelconque valeur à tes yeux ! Tout ce que tu veux, toi, c'est me foutre sur ta barque et me faire remonter tes filets jusqu'à la fin de mes jours. Pas besoin d'un diplôme pour ça. » Le pater avale la distance qui les sépare et empoigne furieusement l'adonis par le col de son vêtement, à l'orée de le soulever de terre pour lui rugir en pleine gueule. L'un des thaumaturges esquisse un pas vers l'avant, concerné. « Monsieur Menn, inutile d'avoir recours à la violence, votre... La ferme ! Quant à toi, fils, écoute attentivement : si tu passes cette porte avec eux, je te renie ! Tu ne remettras plus jamais un pied ici et je prierai Danut chaque jour pour que tu sois maudit ! »

Chaque mot est un surin au cœur du damoiseau, qui pourtant, ne cille rien de sa souffrance. Il déglutit, ravale celle-ci avec difficulté, navré de la situation, plus meurtri qu'aucun idiome ne serait apte à le traduire. Son père a toujours été ainsi, âpre dans son verbe lorsqu'il se trouve offusqué, ou impuissant. S'il est pour autant judicieux de justifier sa réaction au vu des circonstances, il sait aussi que son vœu est véritable, que ses menaces seront exécutées, tant pis s'il doit passer le reste de son existence à regretter son opiniâtreté. C'est donc ainsi, un sceau scellé d'une rancoeur mutuelle, un point de non retour finalement atteint. « Tugdual... » Susurre alors une voix cristalline mais chevrotante. Le jeune homme lorgne sur la sylphide non loin de la scène, sa mère. Une triste perle goutte le long de sa joue, elle miroite un désespoir criard, sanguinolent de voir les êtres qui lui sont chers s'entre-déchirer. Mutique, elle le supplie, implore qu'il cède et abandonne tout de ses fantasmes ésotériques. Mais il sait. Ils savent. Il y a deux ans de cela, l'effet Tarquin. Depuis, le voile s'est levé sur l'Evidence, et il s'est langui d'atteindre l'âge adéquat pour réaliser ce qui, il lui semble, est sa destinée. Non, il ne peut y avoir d'autre sentier à son ascension.
Il se dégage de l'étau paternel, recule simultanément, et toise ceux qui l'ont mis au monde avec émotion. Il se détourne ensuite et saisit un sac qu'il jette sur son épaule ; son maigre barda. En se redressant, il distingue plusieurs têtes blondes à moitié cachées depuis la pièce mitoyenne. Ses frères et sœurs, auxquels il octroie le spectre d'un sourire, qui disparaît aussitôt qu'il zieute une ultime fois ses parents. « Adieu. »

Le regard littéralement agriché au firmament, le quidam s'égare en contemplation, en théories silencieuses et, surtout, dans les méandres d'une introspection dont il garde le secret. Adossé à une souche morte, un godet de lambig entre ses phalanges mutines, il profite de l'ataraxie ambiante, soupire de sérénité. Dans cette pénombre, il voit peu, seulement des ébauches de galbes, de-ci, de-là. Surtout, il entend, les chuchotements déférents d'une poignée d'homologues rencontrée sur les routes et à laquelle il s'est volontiers mêlé pour cette occasion annuelle. Vingt cinq décembre. Cette sorgue tant convoitée par les savants de son acabit, les fameuses tuniques grises, dont il porte désormais ostensiblement la teinte. La Nuit aux Etoiles est digne de son appellation, enchanteresse, toile immuable et infinie dont ils sont les entichés. Rien ne lui semble plus mirifique.
« Je ne vois pas ta tête, mais je suppose que tu es là. » S'enquiert un individu qui approche en tâtonnant, accoutumé mais précautionneux, davantage guidé par son intuition que par quoi que ce soit d'autre. « Camarade. » Lui répond promptement Tugdual, salutation autant qu'indication pour que le bougre ne se pâme pas dans les ténèbres – ou ne lui choit pas dessus sans crier gare. Ledit collègue installe son séant à ses côtés, lui présente son verre dans le dessein de trinquer, puis se met également à scruter les cieux diaprés de ses constellations. « Je ne t'ai pas vu depuis que tu as fait tes vœux de Poursuivant. Comment ça se passe ? Bien, ma foi. Je n'ai pas à me plaindre. Je me suis fait relater quelques-uns de tes exploits, sire le petit prodige. J'ai ouï-dire que tu tenais les Incertains en respect. Rusé comme un renard, hein. Y paraît. » Les prunelles s'enchevêtrent et une risette est échangée. Le premier jour de son apprentissage a été sa pierre angulaire, il se le remémore comme si c'était hier. Une kyrielle d'années, déjà, qu'il ne trémule plus dans le giron de son professeur, et il ne s'en satisfait que davantage. Sa vie, jadis  synonyme de monotonie, n'est aujourd'hui plus qu'une myriade d'émerveillements, et il n'en est qu'aux prémices. Malgré tout, il se fait d'ores et déjà distingué de par ses hauts faits, ce qui lui vaut la genèse de divers sobriquets dont il a vaguement entendu parler. « Et toi, le Monastère ? Tu as choisi celui de Leustec ? Mhmh, c'est relativement calme. Notre seul véritable délassement c'est de rire des thèses d'Arhel. Lui et ses théories sur le Monde Incertain. » Il se désopile, harpant par la même opportunité toute la curiosité du rouquin. « Ses idées ne sont pas très fondées, mais tout n'est pas bon à jeter. Il manque de vraisemblance, et d'informations. C'est le genre à en dire beaucoup sans se déplacer, même toi, tu pourrais être plus crédible. Au moins tu as la réalité du terrain. » Il ne récolte qu'un silence songeur, avant que le sylphe ne se raccroche aux astres haut juchés. « Un jour. » Présage t-il à voix modeste, plus pour lui-même que pour quiconque.

Le feu de Zeus de tonitruer, nitescence aveuglante qui illumine sporadiquement la lande hostile. Les clabaudages célestes se font l'escorte de glapissement autrement plus terrestres, au cœur d'une masure perchée sur le faîte d'un coteau infertile et dont il manque une partie du toit. La brèche tire le rideau du spectacle aux étoiles timorées, les laissant spectatrices incrédules, marraines d'infortune d'un petit être sur le point de brailler pour la première fois. Dans le miteux refuge, un quatuor d'olibrius, dont la parturiente et son accoucheuse en pleine besogne. Sur le flanc de la souffreteuse, Tugdual, une patte délicatement posée sur la ronde matrice, à mouvoir ses lippes dans d'absconses incantations au pouvoir lénitif. Puis, penché à la fenêtre, un reître, ses services loués par le sorcier, « juste au cas où ». Déjà de longues heures de travail, de concentration et d'épuisement, qui portent leurs prodigieux fruits lorsque le minois de la sage-femme s'anime d'enjouement, et qu'elle recueille, au creux de ses bras, le poupon pleureur. Sitôt, elle prodigue les soins adéquats et le lustre dans une couverture. Les paupières du rubigineux font place à ses quartz inquisiteurs, qu'il oriente, presque pusillanime, en leur direction. Le bébé est déposé sur le poitrail éreinté de sa mère, qui conscient, dans un dernier effort, à lever la tête pour l'accueillir dans des larmes d'un bonheur immaculé. « C'est une fille. » Qu'elle se fait déclarer, lui arrachant ainsi un hoquet émotif, fier. Longuement, elle la caresse, la berce tendrement, avant de daigner l'approcher du mage à ses abords, qui l'enlace, puis s'autorise quelques pas pour mieux la discerner sous les faisceaux sélénites qui percent. Le bébé gémit, il lui caresse la paume, la stimule sensiblement. « Bonsoir, mon enfant. Yevana. Elle s'appelle Yevana. » L'informe la génitrice, l'ivresse ourlant sa blanche risette, tandis que l'autre sylphide lui tamponne le front d'un linge humide. « Yevana... » Qu'il reprend, d'un phonème guttural, mais doucereux. « C'est notre fille, mon amour... notre perle... »

Dans la fraîcheur nocturne, sur le parvis du désormais paisible gourbi, le trio s'octroie de souffler. La mère a été bénie d'un repos amplement mérité, sa pouponne assoupie tout contre elle. Tugdual apparaît songeur, quoi qu'un fluet sourire immortalisé sur son faciès hirsute trahit tout de la félicité ressentie. A cette vision, l'obstétricienne se fend d'un reflet similaire, ravie, ce qui n'échappe pas au principal intéressé, qui s'essouche de son modeste siège. « Je vous dois beaucoup, comment vous remercier ? Rares sont celles qui auraient accepté pareille faveur. Oh, voyons. Même s'il est vrai que faire accoucher une femme dans le Monde Incertain est... biscornu, c'est mon devoir. Tout s'est bien passé, c'est tout ce qui m'importe. Vous êtes trop bonne. » Elle baisse les mirettes en ricanant, flattée, tandis que dans son rachis, s'avance la charpente d'un discret démon. Le roux-freux l'aperçoit, et en toute réponse, ne singe qu'un consentement aphone. « Votre bonté vous perdra. » Elle le regarde, parée d'une innocuité interrogative. Lorsque soudain, deux paluches s'arriment à ses joues, et dans un mouvement aussi véloce que sec, lui brisent la nuque. La symphonie osseuse est l'unique agonie qui résonne, et le mercenaire d'accompagner l'occise pour s'aliter dans son linceul de poussière, avant de frotter ses mains l'une contre l'autre en signe de mission accomplie. Le thaumaturge enjoint muettement le soudard de le talonner, et tous deux pénètrent dans la bicoque.

La naïade ayant tout juste donné naissance se fait cueillir de ses chimères par l'haleine ignée de son amant dans son cou. Celui-ci y dépose un baiser, et un second sur ses lèvres d'incarnat. Ils s'observent, s'admirent sous le suave éclat de la lune, étreignant contre eux la sublime résultante de leur romance. Dans un susurre énamouré, elle lui confie. « Je t'aime. » L'adonis la contemple sans verbiage haleter, durant un instant suspendu aux babines de l'atemporalité, niellant ceci à jamais dans sa mémoire et celle du temps. De la courbe de son nez, il effleure celui extraordinairement plus sculptural de la donzelle, lui gerbant une cataracte de passion d'ores et déjà condamnée. Le sort aussi bien que la félonie sourdent de l'improbable, quand la lame du surin s'enfonce dans les tissus, dans la carne, et embroche le myocarde. L'apsara écarquille les yeux et s'étrangle d'un hurlement qui meurt à ces lèvres précédemment embrassées, son visage décousu par une surprise horrifiée, qu'elle darde sur la truffe impavide de l'abject cuistre. Une nouvelle fois, ils s'encellulent dans le marbre de leurs regards, et l'ichor coule, elle coule, suppure de la plaie qui lancine pour maculer les draps virginaux. Un filet purpurin s'évade de la commissure, et avant même que quoi que ce soit ne soit déclamé, la vie est entièrement happée. Le meurtrier, plus affligé que les apparences ne sont aptes à le suggérer, s'arrache à cette chaleur moribonde, emportant avec lui la gemme pouparde qui ne se doute de rien. Derrière, le légionnaire réprime un rictus également endolori. Il ne conçoit point, mais il n'est pas payé à comprendre.

« C'est tout ? » Tugdual opine positivement du chef. « Bien, ne traînons pas ici. » Il fait volte-face, prêt à quitter ce microcosme qu'il déprécie volontiers. Tout à coup, une ineffable sensation l'emmaillote, et avant qu'il ne puisse agir, un carcan immatériel l'ankylose lourdement. Complètement gourd, il choit une rotule au sol en râlant, toute sa musculeuse charpente paralysée, et il a seulement la force de se retourner pour constater que le sorcier a encore l'index dressé dans les airs, après avoir exécuté son Mudra. « Argh, qu'est c'que... !! » Le Goupil laisse retomber son bras et hausse un sourcil. « Par Danut, que tu peux être naïf. Je t'avais prévenu que je ne voulais absolument aucun témoin, et pourtant, tu as pris ta survie pour acquise. Libère-moi ! Désolé l'ami, mais tu en sais beaucoup trop pour que je consente à rentrer avec toi. Fils de chienne !! Ton argent contre mon silence, c'était l'accord ! Cette femme était une prêtresse de Bohor, son peuple voudra trouver le responsable de son assassinat. Je t'en sais gré de jouer les boucs émissaires pour moi, et pour la science. » Le dialecte est subito remplacé par un autre plus fuligineux, un leste sortilège avant que le Mudra ne soit plus effectif. Un sort que sa morte bien-aimée lui a enseigné – le seul et l'unique, par ailleurs, aussi vrai qu'il en a fait de même – au nom de l'incube qu'est ce Bohor. Le nervi sent les brandons de son âme tourmentée donner vie à un incandescent brasier, un feu enténébré qui lui consume les viscères et le fait s'époumoner d'une innommable douleur. Brûlé vif et de l'intérieur, que le misérable fini, son macchabée carbonisé dans une position figée de martyr. Le Poursuivant ne prend pas la peine de considérer l'hécatombe, et, trésor dans les bras, il quitte la scène de crime.

« Je n'ai rien demandé ! Mais nous, nous te demandons quelque chose. Ce n'est pas juste ! Enfin, Tugdual, est-ce que tu t'entends ? Ta réaction est totalement puérile. » Maître Renard est furibond, tant et si bien qu'il cogne dans une bouteille qui s'en va exploser contre le mur de pierre. Son interlocuteur ferme les paupières et sourcille en secouant le chef, mais il ronge malgré tout son frein, conscient que la situation est branlante. Une semaine, à peine, que le Menn a violenté son itinéraire pour rejoindre la place forte de Gifdu après s'être fait narrer la funèbre nouvelle : le Grand Mage n'est plus. Emporté par son honorable âge et laissant ses frères, ses fils, orphelins. Jusqu'à ce qu'un digne successeur soit élu, ainsi en va la tradition de la guilde. Moeurs avec lesquelles s'est jusqu'à présent harmonisé le rutilant incantateur, du haut de son quatrième décade, qui se considère de malingre importance parmi les ténors de leurs rangs. Une conviction exorcisée par la désinvolture de ses pairs, venus aujourd'hui lui concéder leur choix majoritaire de le porter, lui, à des nues insoupçonnées. Leur présomption ? L'introniser à la cime de leur hiérarchie, en tant que nouveau Grand Mage.
« La règle veut que je sois consulté avant d'être ainsi bousculé sur le trône ! Un trône, tout de suite les grands mots. Tu n'as pas changé, toujours aussi emphatique. Et tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, tu es arrivé en retard, ton nom a été suggéré et nous nous sommes prononcé sur cette éventualité. Et qu'en est t-il de mon opinion ? Ton devoir, prévaut sur ton opinion. » La remarque fait feuler l'honoré, incapable de tenir en place et cerclant la pièce de ses foulées folles. Il fait finalement halte près de la persienne, arc-bouté au chambranle et les calots fichés sur le rumen du saint monastère. Les bras en croix sur son torse, il soupire, dulcifie un fiel légitime. Le second sorcier se lève et le rejoint, emprunt d'une placidité opportune. « Craindrais-tu de ne pas être à la hauteur ? » Le Poursuivant lui décoche une oeillade ulcérée. « Ce n'est pas une question de capacités. Je sais. Nous le savons, et c'est bien la racine de notre conclusion. C'est aussi parce que tu ne veux pas de cette place qu'il est mieux que ce soit toi qui l'aie. » L'ambivalence a beau être, la cohérence n'en est que plus diaphane. Qui ne convoite pas le pouvoir aura plus de scrupule à en abuser, et jusqu'à preuve du contraire, il n'est pas homme à vouloir prouver quoi que ce soit. Derechef, il expectore l'air qui gondole ses poumons, il se masse l'arrête nasale. « Tu as un sens suraigu du sacrifice, mon frère, tu en as toujours fait montre. Aujourd'hui plus que jamais, l'abnégation doit être ton guide, pour le bien de notre Ordre. » Il lui flatte amicalement le trapèze, puis se retire sans plus de cérémonie. Tugdual demeure ainsi, embourbé dans le lichen d'un dilemme dont la voie est en réalité déjà toute tracée. Il le sait. Se résigner pour le bien commun, c'est tout ce qu'il a toujours su faire.

Alors comme ça, tu as fini ta fiche et tu viens de passer l'épreuve de la validation avec brio ! J'aime beaucoup ce que tu nous fait de Tugdual, c'est un personnage très équilibré je trouve, même s'il fait un peu savant fou parfois j'aime beaucoup ta plume aussi, elle me fait un peu penser à Bottero même si parfois, je trouve certaines de tes phrases un peu trop alambiquées j'avoue tout, j'ai dû relire certains passages plusieurs fois pour tout bien enregistrer
mais quoi qu'il en soit, je te valide avec plaisir et j'espère qu'on se trouvera un lien, que ce soit avec Cyrielle ou avec Marjane

Maintenant que ça, c'est fait, tu as encore quelques petites choses à compléter. D'abord, je te conseille d'aller vérifier le bottin des avatars histoire d'être sûr(e) que ta petite tête a bien été rajoutée. Si ce n'est pas fait, n'hésite pas à mpotter un des admins ! Ensuite, dirige-toi vers le recensement des emplois, obligatoire pour tout le monde et, si ton personnage est concerné, le recensement des créatures magiques et celui des étrangers. Ensuite, tu n'as plus qu'à faire ta fiche de liens et, éventuellement, ton journal de bord, et peut-être un ou deux scénarios, non ?

Je crois que tout est dit ! Bon jeu sur AR GÊR A IZ