Ys ou Is, parfois appelée « Ker Ys » (Kêr-Is en breton), est une ville légendaire de Bretagne, qui aurait été engloutie par l'océan. Probablement issue d'un thème celtique autour de la femme de l'Autre Monde, la légende de la ville d'Ys est très nettement christianisée. Le seul élément originel qui en subsiste est le personnage de Dahut. La version hagiographique de Pierre le Baud, plus ancienne version connue, voit déjà l'engloutissement de la ville comme résultant des péchés de ses habitants, mettant en valeur les évangélisateurs Bretons.
Une tradition bretonne récente a fait d'Ys la capitale cornouaillaise du roi Gradlon, censée avoir été construite dans la baie de Douarnenez ou au large de celle-ci. Cette légende constitue l'un des récits bretons les plus populaires, et les plus connus en France.
Une dernière retouche à sa coiffure et elle est prête. « M'man ! J'y vais ! » La petite adolescente brune d'une quinzaine d'années ne récolte qu'une réponse totalement inintelligible de sa mère, probablement occupée à trier le linge dans la buanderie. L'ado se contente d'un petit gloussement et secoue la tête. Elle attrape la sacoche de cuir qui lui sert de sac de cours, enfile ses ballerines noires et jette un dernier coup d'oeil à son reflet dans le haut miroir qui trône dans l'entrée. Une minute plus tard, elle est sortie de la petite maison que sa famille occupe et court sur la rue principale qui serpente dans le petit hameau de Quillien. Elle est en retard, et elle se voit mal faire les huit lieues qui séparent son hameau de la capitale à pied ! « Hé ! Attendez ! » Elle arrive juste à temps. Elle grimpe dans la carriole de ramassage scolaire sous le regard vaguement réprobateur du conducteur, qui fait rapidement claquer les rênes de ses deux chevaux. L'adolescente ferme les yeux alors qu'ils s'engagent sur la route qui surplombe les falaises et mène jusqu'à la capitale de son pays, le Pays d'Ys. Dashtikazar la Fière, aux toits d'ardoise...
Elle rouvre les yeux juste à temps pour observer la danse aérienne d'une bande de pixies malicieux, leurs ailes transparentes scintillant sous le soleil. Malgré l'heure matinale, il y a du monde sur la route. La carriole croise deux Chevaliers du Vent, fiers dans leur armure turquoise, et même un druide, identifiable grâce au long bâton surmonté d'un cristal qu'ils utilisent tous. La charrette se remplit au fil de ses arrêts dans les hameaux et villages qu'elle croise, aussi, se remplit d'élèves prêts à attaquer une nouvelle journée d'école dans un collège ou un lycée de Dashtikazar. Humains, Gwrac'herezh, Annard-Noz, Bugul-Noz... Ils croisent même un Sorcier, qui porte le fameux manteau noir, et qui s'arrête un instant pour discuter avec le chauffeur de la carriole et glisse un mot au sujet des Portes des Mondes. La gamine se prend à sourire. C'est ça, son Pays d'Ys. Un bout de terre perdu dans les limbes, entre Monde Certain et Monde Incertain, un bout de terre rempli de magie, un bout de terre où il fait bon vivre en dépit des menaces qui proviennent du Monde Incertain. Elle l'aime.